lundi 26 juin 2017

THÉÂTRE EN JUILLET RAPPEL

THÉÂTRE EN JUILLET ! 

Les Allumeurs de Lune commencent leur séjour le 9 juillet à SCIEZ. La pièce de théâtre qu'ils vont jouer fin juillet est en chantier dès le premier jour par les acteurs et bien avant par la direction artistique :  mise en scène, chansons, costumes, décor, etc.
Les personnes intéressées sont régulièrement tenues au courant de l'évolution des préparatifs via "LUNE MATIN" le journal des Allumeurs de Lune.


COLOMBANI Laetitia, LA TRESSE, roman.


LA TRESSE de Laetitia COLOMBANI
L’auteur
Née en 1976 comédienne, scénariste, réalisatrice : À la folie… pas du tout, 2002.  Mes stars et moi, 2008. La Tresse est son premier roman

Le contenu et la forme
Trois histoires cheminent en parallèle, chacune concerne une femme : Smita l’Indienne, Giulia la Sicilienne, Sarah la Canadienne. En cheminant avec Smita, Giulia et Sarah, chacune de ces femmes ignorant tout de l’autre, nous nous demandons s’il existe  des exceptions à la règle qui dit que des parallèles ne  se rejoignent qu’à l’infini, autant dire jamais. Ce livre est très intelligemment construit. Chaque chapitre présente alternativement le parcours de Smita, Giulia, Sarah sans fil conducteur apparent ; c’est  au lecteur de chercher s’il y a un lien, et lequel,  entre les histoires d’autant que le cheminement n’est pas une ligne droite. Chaque moment du livre est un moment d’étonnement et un carrefour où s’offrent plusieurs directions possibles.
 Le rythme de la narration est vif, sans temps mort,  sauf parfois dans les parties plus méditatives où le phrasé  s’apaise. Il y a peu de développement descriptif ni pour les paysages ni pour les protagonistes. La plupart des métaphores sont des lieux communs et les comparaisons sont assez banales. On se demande à la fin s’il s’agit d’un roman ou d’un scénario mais dans le fond la question est peut-être sans importance tant est dense l’intensité du récit  et l’émotion profonde.      

Pourquoi lire LA TRESSE ?
Il faut lire ce livre pour plusieurs raisons.
Il est humain. Les êtres humains ont la liberté de choisir entre le Bien et le Mal. S’ils sont moraux ils choisissent le Bien.
Toute personne (par définition individuée) est soumise aux contraintes de la société de ses règles, de ses traditions, de ses mœurs. Ces contraintes sociales sont parfois des obstacles à la liberté et à l’épanouissement de l’individu en tant que tel.
Il est roboratif. Face aux contraintes sociales et aux pires injustices dont elles sont victimes, les femmes, malgré leur faiblesse apparente, montrent qu’elles ont une force, une énergie et une volonté peu communes pour surmonter les difficultés et les obstacles et atteindre, coûte que coûte,  leurs objectifs.  
Il parle d’amour. Smita, Giulia, Sarah se battent contre l’adversité. Pour ce faire elles déploient autour d’elle la force de leur amour pour les autres et pour la vie contre  l’indifférence, le mépris  la haine.
Ce livre peut se référer à celui de Marie NDIAYE « Trois femmes puissantes », prix Goncourt 2009, livre plus difficile d’accès qui tisse lui aussi une « tresse » entre trois femmes qui ne se connaissent pas.





VELIBOR COLIC MANUEL D'EXIL


Vélibor COLIC « MANUEL D’EXIL », témoignage autobiographique.  

L’auteur et son œuvre
Né en 1964  Velibor Colic fait des études littéraires dans l’ex Yougoslavie puis commencé une carrière de journaliste spécialiste du rock et du jazz. Enrôlé dans l’armée bosniaque il déserte en 1992. Fuyant les horreurs de la guerre entre les Serbes, les Bosniaques et les Croates, il se
 réfugie en France. Il a 28 ans quand il arrive à la gare de Rennes. « Je suis loin et [] ce loin est devenu ma patrie et mon destin. » Il est seul, déplacé, démuni, mal vêtu, sans bagage. Il passe le seuil du malheur pour entrer dans un autre monde qui n’est ni celui de la résignation ni celui de l’oubli mais celui de l’anesthésie. Il est l’auteur d’une douzaine de livres. Il écrit en français depuis 2008. 

Le contenu
Velibor COLIC nous raconte avec beaucoup d’humour ses diverses expériences…  Il essaie de prier Dieu mais sans succès. «  Je suis sans doute trop pressé, notre Créateur travaille dans l’éternité  et mon destin est furtif. » Un  médecin lui prescrit «  une TCC pour un ESPT !!!
» Il s’agit d’une Thérapie d’Approche Cognito-Comportementale pour traiter l’État  de Stress Post Traumatique. L’origine de son stress il le connaît bien. C’était, écrit-il, très précisément « le 18 mai 1992, un après-midi paisible, bleu et clair, presque transparent. » Un groupe de soldats au repos dont il fait partie boit un café lorsqu’un sniper tue d’une balle dans  la gorge une petite fille qui joue paisiblement à côté  d’eux. « Le sang qui trempe dans la poussière autour d’elle est un tel fardeau pour nous tous, pour ce maudit pays et pour cette putain de guerre. Écrivain dans son ancien pays, il veut le rester dans son nouveau. «  Il me faut apprendre le plus rapidement possible le français. Ainsi ma douleur restera à jamais dans ma langue maternelle. » Pour obtenir ses papiers, il explique comment, devenu soldat contre son gré, il a refusé de tirer sur l’ennemi qu’on lui désignait, comment il a été incarcéré, frappé, humilié. Il conclut « L’homme sans papiers est un homme sans visage. L’homme sans patrie n’est rien, un arbre sans tronc ou un oiseau sans ailes. »  

Pourquoi lire « Manuel d’exil » ?
Lire ce livre est indispensable. La voix de Vélibor COLIC que la souffrance fait trembler mais jamais ne fait taire est celle d’un homme debout et libre. Ce déraciné cherchant une terre propice à un nouvel enracinement montre que la vie en exil n’est pas l’exil de la vie mais la recherche de la vie.  Dans leur parcours tragique les exilés parviennent à survivre en utilisant tous les moyens que le hasard leur offre et que leur volonté saisit au vol en utilisant toutes les ressources morales, physiques et  intellectuelles qu’ils se forgent pour dessiner peu à peu le chemin de leur  nouvelle vie.   Vélibor Colic nous dit qu’il ne faut pas se laisser bercer par le rêve d’un paradis illusoire mais qu’il faut vivre à plein temps sans espérer ni attendre quoi que ce soit. Ce qui n’interdit pas de faire des projets ! 



jeudi 22 juin 2017

CHEVALIER Tracy, « LA JEUNE FILLE A LA PERLE », roman.




CHEVALIER Tracy, « LA JEUNE FILLE A LA PERLE », roman.

L’auteur
Tracy CHEVALIER est née en 1962. Américaine vivant en Angleterre. Spécialiste des romans historiques, elle connaît une immense notoriété internationale grâce à « La jeune fille à la perle »

Le contenu et la forme
Tracy CHEVALIER raconte l’histoire de l’improbable relation entre une servante inculte mais éminemment réceptive et sensible et le peintre Johannes VERMEER, (1632-1675), relation qui donne naissance à un tableau appelé aujourd’hui « La jeune fille à la perle » considéré souvent comme « La Joconde du Nord. » Peu productif et peu reconnu comme peintre de valeur par ses contemporains Johannes Vermeer est considéré à partir du XIXème siècle comme l’un des peintres majeurs qui marque l’histoire de la peinture.
Lorsque le peintre, sans en rien dire à personne décide de faire le portrait de sa servante cela provoque un énorme scandale pour diverses raisons. Le peintre refuse l’accès de son atelier à sa femme. La servante qui doit consacrer tout son temps à l’entretien de la maison l’aide dans la fabrication de ses couleurs. « Je préparais à contrecœur les couleurs qu’il me demandait chaque matin. » La servante est réticente à poser. « Je ne m’étais pas rendu compte qu’il me fixerait avec une telle intensité. » Elle finit par accepter et participe même activement à la création de l’œuvre. « Ce que j’appréciais par dessus-tout c’était de passer  davantage de temps dans l’atelier. » Elle comprend avant le peintre ce qui manque au tableau « Percevant ce qui faisait défaut, cette petite touche de lumière… » Pour créer le point lumineux et central du tableau elle  doit porter -  scandale ultime -  les boucles d’oreille de l’épouse !  « Une servante ça ne porte pas de perles » « Le tableau a besoin de cette lumière que reflète la perle. »

Pourquoi lire « LA JEUNE FILLE A LA PERLE » ?
Cette histoire qui dépeint l’abime social qui sépare le monde de la servitude et le monde des maitres nous touche par son actualité. Elle montre que la condition sociale n’a rien à voir avec la sensibilité artistique et créative (pour qui sait regarder le banal peut être transcendé en œuvre d’art) ni avec la force des sentiments (le maître peut aimer sa servante et réciproquement). Elle montre aussi que, quelle que soit l’époque, les clivages sociaux sont des entraves à la liberté et au bonheur et que le combat pour ces deux valeurs est un combat quotidien qui passe par les gestes et faits les plus anodins. Chacun des faits et gestes des protagonistes de cette histoire, à la fois subtile et rugueuse, est indispensable au sens de l’histoire comme est indispensable chaque touche de peinture à l’équilibre et à la beauté du tableau. Comme dans toute histoire bien construite, nous nous laissons saisir par les aléas du récit jusqu’à son dénouement. Nous vivons de la vie des personnages. Leur vie qu’elle soit triviale ou sublime nous aide à mieux vivre la nôtre.



François CHENG, DE L’ÂME, essai.



François CHENG, DE L’ÂME, essai.  

L’auteur et son œuvre
François CHENG est un Français d’origine chinoise ! Né en 1929, arrivé en France en 1948, naturalisé français en 1971, élu à l’Académie français en 2002. Essayiste, romancier, poète, calligraphe, traducteur il a reçu divers prix pour ses œuvres dont le Femina en 1998 et le grand prix de la francophonie de l’Académie française en 2001.   

Le contenu
« De l’âme » est une méditation sur l’existence et la nature de l’âme écrit sous la forme d’un essai épistolaire dans lequel l’auteur échange son point de vue avec celui d’une amie qui dés la première lettre (il y en aura sept)  lui  dit qu’elle vient de découvrir la « réalité » de son âme. S’ensuit donc un échange sur ce qu’est l’âme et comment à la fois elle interroge et anime la vie. L’âme existe-t-elle ? Si l’âme existe, est-elle à l’origine du Beau ? À l’origine du Bien ? À l’origine du savoir, de la connaissance et de la  compréhension des choses et des êtres ? Est-ce l’âme qui donne un sens à la vie ? Si nous avons une âme est-elle dans notre corps ? Hors de notre corps ?  Est-elle le corps  lui-même ? Est-elle  l’autre nom de l’esprit ? Si l’âme et l’esprit sont deux principes irréductibles l’un à l’autre quelles sont les spécificités de chacun ? Quelles sont leurs différences ? Leurs liens ? Ya-t-il une hiérarchie entre l’esprit et l’âme si tant est que les deux existent ? Existe-t-il une Âme universelle ? François Cheng pour éclairer le triptyque corps-âme-esprit cite Hildegarde de Bingen (XIIème siècle) «  Le corps est le chantier de l’âme où l’esprit vient faire ses gammes. »
Le point de vue du philosophe André Comte-Sponville est différent «  […] c’est l’esprit qui libère, et cela constitue, pour l’âme, le seul salut toujours inachevé. »

Pourquoi lire « De l’âme » ?
Parce que la vie est là et qu’il est « naturel » de s’interroger sur le moteur qui anime la vie ; un moteur dont les pièces principales sont le corps l’esprit et l’âme lesquels composent un tout insécable, indissociable et qui est l’unité même de notre vie. Se poser la question de l’âme est aussi nécessaire et plaisant pour l’homme que la question du corps dont le culte en notre siècle est devenu « doctrinaire. » Comprendre comment ça marche : cette curiosité est inhérente à la nature humaine ! Ce désir de la connaissance est un plaisir de la vie.  Et ce plaisir de connaître devrait être aussi intense chez les matérialistes que chez les spiritualistes, aussi profonde chez les athées que chez les croyants.