CHEVALIER Tracy, « LA JEUNE
FILLE A LA PERLE », roman.
L’auteur
Tracy CHEVALIER est née en 1962. Américaine vivant en
Angleterre. Spécialiste des romans historiques, elle connaît une immense
notoriété internationale grâce à « La jeune fille à la perle »
Le contenu et
la forme
Tracy CHEVALIER raconte l’histoire de
l’improbable relation entre une servante inculte mais éminemment réceptive et
sensible et le peintre Johannes VERMEER, (1632-1675), relation qui donne
naissance à un tableau appelé aujourd’hui « La jeune fille à la
perle » considéré souvent comme « La
Joconde du Nord. » Peu productif et peu reconnu comme peintre de
valeur par ses contemporains Johannes Vermeer est considéré à partir du XIXème
siècle comme l’un des peintres majeurs qui marque l’histoire de la peinture.
Lorsque le peintre, sans en rien dire
à personne décide de faire le portrait de sa servante cela provoque un énorme scandale
pour diverses raisons. Le peintre refuse l’accès de son atelier à sa femme. La
servante qui doit consacrer tout son temps à l’entretien de la maison l’aide
dans la fabrication de ses couleurs. « Je
préparais à contrecœur les couleurs qu’il me demandait chaque matin. »
La servante est réticente à poser. « Je
ne m’étais pas rendu compte qu’il me fixerait avec une telle intensité. »
Elle finit par accepter et participe même activement à la création de l’œuvre. « Ce que j’appréciais par dessus-tout
c’était de passer davantage de temps
dans l’atelier. » Elle comprend avant le peintre ce qui manque au tableau
« Percevant ce qui faisait défaut,
cette petite touche de lumière… » Pour créer le point lumineux et
central du tableau elle doit porter - scandale ultime - les boucles d’oreille de l’épouse ! « Une
servante ça ne porte pas de perles » « Le tableau a besoin de
cette lumière que reflète la perle. »
Pourquoi lire « LA JEUNE FILLE A LA
PERLE » ?
Cette histoire qui dépeint l’abime social qui sépare
le monde de la servitude et le monde des maitres nous touche par son actualité.
Elle montre que la condition sociale n’a rien à voir avec la sensibilité
artistique et créative (pour qui sait regarder le banal peut être transcendé en
œuvre d’art) ni avec la force des sentiments (le maître peut aimer sa servante
et réciproquement). Elle montre aussi que, quelle que soit l’époque, les clivages
sociaux sont des entraves à la liberté et au bonheur et que le combat pour ces
deux valeurs est un combat quotidien qui passe par les gestes et faits les plus
anodins. Chacun des faits et gestes des protagonistes de cette histoire, à la
fois subtile et rugueuse, est indispensable au sens de l’histoire comme est
indispensable chaque touche de peinture à l’équilibre et à la beauté du
tableau. Comme dans toute histoire bien construite, nous nous laissons saisir
par les aléas du récit jusqu’à son dénouement. Nous vivons de la vie des
personnages. Leur vie qu’elle soit triviale ou sublime nous aide à mieux vivre
la nôtre.
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